Pitecus

(1995)

de Flavia Mastrella, Antonio Rezza

 

avec Antonio Rezza

 

tableaux de scène: Flavia Mastrella
(jamais) écrit par Antonio Rezza
assistant à la creation: Massimo Camilli

 

dessin de lumières: Mattia Vigo
machiniste: Andrea Zanarini
Sartoria Nennella

organisation: Stefania Saltarelli

 

production:
REZZAMASTRELLA
TSI La Fabbrica dell’Attore Teatro Vascello

Avant que l’homme chante deux fois et renie son esprit libre, là, avec le coq, l’homme lèvera le verre et la crête et heurtera ses basses ambitions contre un plafond d’inutiles espérances.

L’histoire

Gidio est cloîtré chez lui, Fiorenzo, homme limbes, se sent mal physiquement ; le professeur Stella, videodictateur dépendant, montre à des milliers de spectateurs des malades terminaux, un père logorrhéique n’arrive pas à s’expliquer l’homosexualité de son fils ; Saverio, désinvolte et émancipé, prend la vie comme elle vient, conscient de son charme fugace. Mirella prie avec ferveur les divinités pour devenir employée des postes, Rouquin, de nom et de fait, fréquente un nouveau groupe d’amis qui le bafoue outre mesure avec arrogance. La belle au bois dormant ne s’endort pas et le roi, excédé par les langes et les caprices, tente d’asphyxier le petit corps d’enfant. Un jeune étudiant a un rapport conflictuel avec son radio-réveil alors que des maris qui s’ennuient et débauchés subissent le charme indiscret du toujours présent Saverio, bourgeois qui moissonne et loue les sentiments. Un nouveau débat teinté de ténèbres analyse le rapport homme-drogue, un homme seul et médiocre, adopte à distance Fernando Rattazzi, deux jeunes restent à pieds et défient les lois de la résistance, des hommes tentant de jouir de moments de liberté mais, car ce ne sont justement que des instants, ne la reconnaissent plus. De jeunes handicapés rendus méchants et solidaires se retournent contre la création et la conviction, ce sont des êtres sans optimisme qui partagent leur propre corps en maintenant intact l’instinct luciférien.

 

Ces personnages parlaient un dialecte entrecoupé et brisé, ils évoluent nerveusement, ils apparaissent par les fissures et les trous de vases en tissus colorés, les mentons et les têtes pensantes surgissent et s’alternent entre les soies, les filets et les toiles de jute, le tout donnant l’impression de quartiers populaires surpeuplés où le jeu et la fantaisie élèvent l’étendard de l’incompréhension moyenne. Le tableau de scène est la mise en scène mêlée aux costumes, chaque histoire a son habitat, chaque personnage un petit corps différent et mortifié.

 

It’s a show that analyses the relationship between man and his perversions: people with degrees, people overworked, young and desperate, in search of a chance to fill their pockets and increase their fame, multi-decorated for morality speculating on other people’s misery, old people in search of an identity to help them kill time before time kills them, people who carry on their ordinary lives, individuals who sell their own bodies in exchange for a purely materialistic well-being, beings who travel in order to enrich their exterior, superficial cultural competences.

 

Ce spectacle analyse le rapport entre l’homme et ses perversions : des diplômés universitaires blasés, jeunes et désespérés à la recherche d’une occasion qui remplisse les poches et alimente la renommée, des pluri-médaillés à la moralité qui exploitent les malheurs des autres, des vieux à la recherche d’une identité qui les aident à tuer le temps avant que le temps ne les tue eux-mêmes, des personnes qui avancent dans une vie désormais faite de routines, des individus qui vendent leur propre corps pour un bien-être purement matériel, des êtres voyageant pour enrichir les compétences culturelles extérieures et superficielles.

 

Pitecus raconte les histoires de nombreux personnages, un va et vient de gens vivant dans un microcosmos désordonné : des bribes de réalités se succèdent sans fil conducteur, de sublimes méchancetés rendent comiques et agressifs des arguments délicats. Il n’y a pas de représentation positive, chacun se contente, tous se sentent victimes, ils travaillent pour se cacher, ils achètent les sentiments et la dignité, ils n’aiment pas et créent des platitudes et de mauvais fonctionnements.

 

Les personnages sont laids de corps et d’esprit, de leurs pores émane la banalité, ils s’enfoncent dans l’anonymat mais, grâce à leur narcissisme, ils sont convaincus d’être originaux, contemporains et les plus effrontés : à l’avant-garde. Ils parlent un dialecte décomposé, ils sont très colorés, ils s’agitent frénétiquement et par la récitation, ils assument des formes mythiques et caricaturales proches de la bande dessinée.

Tableaux de scène

Les tableaux de scène, que nous considérons des œuvres d’art appliquées à la dramaturgie, offrent au spectacle un langage figuratif mélangeant couleurs et paroles.

 

L’utilisation des matériaux s’inspire de l’Arte Povera même si un œil reste attentif à la mode et à la coutume qu’influencent la mentalité et le portement des personnages.
Le triangle domine dans les tableaux de Pitecus, c’est une figure mystique que l’on retrouve un peu dans toutes les religions : des têtes angulaires représentent des raisonnements rationnels, des bouts de visages rendent fielleux des traits déjà malveillants et corruptibles.
Les couleurs utilisées sont des teintes pastels, unies et uniformes, des jaunes , des verts, des bleus, des rouges qui ramènent au monde de l’enfance, aux constructions , aux jeux en bois.

 

Le tissus enveloppe les personnages tout en les complétant : toile de jute, soie, coton, synthétiques, matière plastique les rendent opaques ou scintillants. Des partie de corps agressent des parties de réalité, des portions de membres maudissent la narcose qui semblerait détruire hommes et désirs, des oxytons glorifient la libre imagination : tout n’a pas été inventé, tout n’a pas été dit, les mots sont infinis et infinies sont leurs possibles combinaisons.

 

Pitecus s’élance contre la culture de la somnolence et de la tranquille créativité.